Test Final Fantasy XVI : derrière la déception, une claque monumentale (2024)

Par Léo Martin

27 juin 2023

MAJ : 5 février 2024

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Avec Naoki Yoshida à la production,Final Fantasy XVI hérite des nombreuses forces de Final Fantasy XIV. Des atouts grâce auxquels le MMO a pu renaître de ses cendres tout en poussant la saga vers une nouvelle direction.PuisqueFinal Fantasy XV a perdu, en son temps, à la fois les fans et le grand public, c’est donc avec la formule de Yoshida, plussalvatrice, queSquare Enixa choisi de réinventer la grande saga culte Final Fantasy. Une formule qui fait la part belle au grandiose de sa mise en scène.

Test Final Fantasy XVI : derrière la déception, une claque monumentale (4)

fini la fantasy ?

Final Fantasy est une de ces sagas si chères à la nostalgie de beaucoup, qu’elle semble d’office condamnée. Non pas condamnée au déclin ou à la sénescence, mais à la désorientation. Comme tous les bateaux de Thésée qui ont navigué sur plusieurs décennies, il n’a plus grand chose de ce qu’il était au départ. Quitte à se perdre en cheminFinal Fantasy a dû s’essayer à de nouvelles choses et évoluer. Tout ça pour en arriver aujourd’hui à Final Fantasy XVI, dont la note d’intention est de sauver sa franchise en assumant pleinement sa métamorphose.

Comme Naoki Yoshida a su faire briller de mille feux Final Fantasy XIVmalgré sa sortie catastrophique, Square Enix l’a ainsi placé en homme providentiel pourdonner un souffle nouveau à son plus légendaire J-RPG. FF16 est ainsi le premier jeu du reste de sa saga ; un nouveau départ qui convie tous les joueurs et joueuses à sa renaissance. Et bien entendu, ça lui vaudra une haine farouche.

Clive, un héros ordinaire mais étrangement touchant

Plus occidental, plus terne,et plus nerveux : il était dès le départ évident que FF16 susciterait des avismitigés. Les premières heures annoncent la couleur. Infiniment moins pastoral, le jeu sacrifie le charme candide de sa franchise dans l’espoir d’imiter des univers de fantasy médiévale aujourd’hui plus populaires. L’excentricité, le burlesque ou le carnavalesque qui savaient si bien s’insérer dans les intrigues de Final Fantasy, laissent ici leur place à l’ombre de la guerre et à la langueur dépressive de ses survivants.

En ça, FF16 est l’héritier direct de l’extension Heavensward de FF14, qui le premier tentait d’extraire de sa licence une intrigue géopolitique plus réaliste et une atmosphère de moyen-âge occidental plus tangible. Néanmoins, il n’échappera à personne quec’est surtout l’ambiance et l’esthétique de la série Game of Thronesdont le jeu tirera ses plus familières inspirations.

Et inévitablement, FF16 ne parviendra ainsi pas à éviter l’écueil commun de ces deux inspirations: une introduction trop longue et rebutante.

Et c’est là que le jeu commence vraiment

le phénix doit renaître de ses cendres

Afin d’établir son univers complexe, FF16 s’alourdit donc d’undémarrage extrêmement long. Et malgré sa géniale introduction, le jeu ne se rend certainement pas aimable d’entrée de jeu, tant à cause de son tunnel de cinématiques interminable (préparez-vous à ne pas toucher la manette pendant longtemps)que par l’apparition du gameplay de combat, assez peu séduisant au début. Même si le scénario se réveille assez vite et nous donne notre lot de rebondissem*nts, un certain manque de rythme colle à la peau du jeu sur plusieurs heures.

Même si ce n’est pas déplaisant à suivre, loin de là, on commence alors à se demander ce qui poussera à reprendre la manette. Finalement, les nostalgiques avaient peut-être raison : Final Fantasy c’était mieux avant, quand c’était du tour par tour. Et ce monde terne et soi-disant sanglant et mature, ça intéresse qui ?

On s’ennuie, les personnages sont trop déprimés, et…. et soudain. Soudain, la grâce, la vraie grandeur à laquelle seule la patience peut espérer toucher. Final Fantasy XVI nous apparaît alors, pour de vrai.

Une fois de plus dans un FF, un Cid vient à notre rescousse

Les joueurs de FF14 le savent bien d’expérience: leur patience n’est pas vaine. Tout finit par payer et cette aventure, même criblée de ventres mous et d’imperfections, entraînera au firmament (littéralement) quiconque la poursuit jusque là. En dépit de son démarrage difficile,d’un rythme en dent de scie et dequêtes secondaires (certaines obligatoires, comme celles de Mid, qui sont peut-être les pires moments du jeu), FF16 bénéficie d’abord d’une excellente écriture.Et celle-ci ne s’épanouit vraiment qu’après les premiers actes du jeu.

Une fois sa mythologie assimilée (des options d’informations contextuelles aident franchement à s’y retrouver), elle se révèle d’abordtrès efficace. L’utilisation des émissaires et des Primordiaux, en particulier, est intelligemment intégrée au récit, créant une coexistence naturelle entre leur démesure divineet le monde médiéval plausible dans lequel elle s’incarne. Les enjeux géopolitiques sont finement détaillés tout au long de l’histoire et la trame principale s’épanouit progressivement pour trouver sa propre identité et son charme distincts.

Loin d’une amourette de collégiens, Jill et Cid forment un duo éclatant de douceur

démesure et grâce

Alors oui, il y a du sang et du sexe dans FF16. Est-ce là ce qui le rend mature ? Non. Ce résidu de GOT vient au mieux renforcer la crédibilité de l’univers moyenâgeux, tout en accompagnant les archétypes de personnages empruntés à la célèbre série de HBO (notre hérosserait Jon Snows’il n’avait pas un peu dePaul Atréides en lui,et Cersei, La Montagne et même Hodor sont au casting).

La maturité de FF16, elle se trouve dans l’intimité des personnages. Si certains dialogues ne sont pas aussi fins qu’on le voudrait, c’est dans la caractérisation silencieuse du groupe de héros que toute la subtilité du jeu se déploie.

Déjà éprouvés par la vie (notamment grâce à une ellipse de 13 ans, qui place hors-champ la plupart de leurs épreuves), Clive, Jill, Cid et d’autres ont chacun pour eux leurs traumas, traités avec soin et placés comme des moteurs crédibles. Cette douleur partagée à travers le groupe s’harmonise bien avec les thèmes durs qui cernent leur monde, et prohibent toute euphorie.Chacun à sa manière, lesprotagonistes devront affronter leur passé pour progresser. Sans tout se dire, ils se comprennent mutuellement, nous offrant aussi une des romances les plus jolies et mélancoliques de la franchise.

Toujours pas remis de ce combat de dingue… ET LA MUSIQUE

Malgré une excellente intrigue et une écriture travaillée, cette dernière ne s’affranchit pas de quelques poncifs lourdauds et de fausses notes allant trop souvent à rebours de la justesse du récit. Bien heureusem*nt, la réalisation de FF16 effacera des mémoires tous ces défauts pourachever d’en faire unjeu colossal. Avec le brillant Masayoshi Soken (compositeur de FF14) à la musique et Ryota Suzuki (Devil May Cry) en directeur des combats, FF16 offreun spectacle inoubliable. Le jeusacrifiepour çason ADN RPG (certains le déploreront) au profit d’uneprogression linéaire et d’un gameplay d’action orienté beat them up.

Réinventant perpétuellementson système de combat, FF16 relève le défi de rendre chaque phase d’action unique et d’en intensifier l’excitation tout au long de l’aventure, jusqu’à son paroxysme durant les affrontements dantesques de Primordiaux. Le pinacle du jeu qui mêlera dans plusieurs apothéoses musicales et visuelles, un plaisir de joueur commejamais éprouvé avant.

Test réalisé sur PS5.Final Fantasy XVIest disponible surPS5.

Rédacteurs :

Léo Martin

Final Fantasy XVI n'est pas immaculé de défauts et n'arrivera sans doute pas à rassembler les fans comme Square Enix l'aurait souhaité. Le jeu fâchera les puristes et effraiera peut-être lesnéophytes. Et pourtant... entre son âme sublime et sa mise en scène grandiose, ilserait tragique de passer à côté de cette œuvre si généreuse.

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Arthur

il y a 4 mois

C’est bien de faire des intrigues géopolitiques réalistes mais encore faut il l’assumer. Le scénario reste absolument naif. Le héros part juste dans un délire eco terroriste qui va mettre à mal le mode de vie voir la survie de l’ensemble des populations humaines sur la base d’une vague théorie jamais étayée. Wow. C’est un peu comme si on se mettait à péter toutes les raffineries sans même avoir derrière le consensus scientifique sur le réchauffement climatique et ses conséquences. Tous les maux de cette société sont cristallisés autour des pourvoyeurs alors que c’est tout aussi scabreux. Avoir des personnages capables de se transformer en créatures de 20m, c’est également se tirer une balle dans le pied pour toute la dramatisation et la mise en scène parce que rien n’est à l’échelle au niveau des épreuves et antagonistes. C’est du style : ha nan des bandits, ha nan une grille fermée… Si seulement j’étais capable de raser une ville fortifiée à moi tout seul sans transpirer… A aucun moment le jeu n’exploite d’ailleurs le changement d’échelle du personnage en le faisant évoluer dans un environnement qui n’est pas à sa taille ce qui aurait pu être grisant. Quand à l’intrigue amoureuse qui doit nous changer des idylles adolescentes, je me permet de dire «pardon?». Le héros est juste un puceau de 33ans qui cohabite 5ans avec une nana qui bave devant lui mais n’y touche pas ni ne touche à aucune autre. S’il fallait pas résoudre l’intrigue amoureuse trop vite, le minimum c’est qu’il y ait de la tension entre eux parce que forcément ils auraient vécu d’autres histoires à côté et ça aurait été moins niais. Et puis ce personnage qui est d’une platitude… toujours aussi gentil, toujours tristoune, toujours pudique. Le mec possède un pouvoir de malade et ça se ressent pas, ça devrait créer des situations compliquées et intéressantes, des déchirements, des responsabilités écrasantes mais que dalle en fait. Il ne suscite pas de peur, pas de fanatisme, pas de haine, pas de passion, pas de désir. Dans son propre repère, c’est le bon pote de tout le monde et on n’hésite pas à lui demander d’aller chercher les cuillères. De son côté, pas une fois le personnage ne dérape, ne se veut intimidant, ne doute, ne pèche par orgueil ou vanité, il n’est jamais corrompu par son pouvoir, jamais tenté de prendre un raccourci, jamais exalté. Mais putain ce mec s’il était vraiment fou de rage c’est une capitale qui disparait potentiellement. C’est où ça dans le jeu?
Ca suffit pas de mettre des gens à poils et les faire fumer des clopes pour avoir une intrigue adulte et intéressante.
Suikoden 2, c’est bien mieux.

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Dabrain

il y a 10 mois

Très grand fan de la saga FF depuis longtemps, j’avoue être clairement déçu de cet opus. Pourtant j’y ai cru au début ; un monde vaste, politiquement profond avec des enjeux intéressants, et puis…passées les premières heures à explorer le gameplay, on tombe dans une routine abyssale qui n’est pas effacée par l’insipidité desdits enjeux…On se retrouve à marteler les mêmes touches sans aucun challenge, en étant concerné qu’à très peu de moments. Et pour l’aspect RPG ? Celui qui nous fait passer de longues minutes à optimiser son perso, l’équiper du bon stuff ou des bonnes compétences…Ben non, rien. Un vague chocobo ou des invocations ne suffisent pas à faire un FF, et celui-ci me fait même regretter le XIII, dans lequel il y avait au moins cette composante RPG qui nous oblige à réfléchir à une stratégie avant de se lancer dans une bataille…

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shen57

il y a 11 mois

@Dododu92, pour le coup si je prends mon cas je n’ai pas accroché à TLOU et donc le 2, je ne suis pas le seul dans ce cas, je ne peux donc pas dire que c’est un chef d’oeuvre et qu’il aura marqué la PS5. Pour le coup dans mon cas c’est un simple jeu qui ne m’a pas intéressé. Donc en fonction des personnes la vision d’un jeu peut être complètement différent. Du coup la note qui lui a été donner ne me correspond pas, mais c’est pas pour autant qu’elle n’est pas mérité.
Pour FF16, je n’ai pour le moment fait que la démo, ayant le jeu je vais le poursuivre, et je vais te rejoindre le jeu est bon, même peut être au delà (à voir une fois fini), mais ce n’est pas pour ça que se sera un chef d’oeuvre comme d’ancien FF.

Après pour le coup il est aussi très bien que la licence évolue sachant que dans tout les cas les jeux sont indépendant. Et le tour par tour était bien à une époque en 2023, je ne me verrais plus forcément passé 40h sur ce type de système, ou pourquoi pas de temps en temps, mais je préfère la tournure action qui permet d’avoir une aventure plus dynamique. Après il faut aussi un juste milieu, FF16 est peut être trop partie vers du DMC en oubliant un peu trop la partie RPG (évolution personnage …).

On voit bien que la série évolue avec entre autre le 15 en monde ouvert et plus action, le 16 moins ouvert et qui pousse encore l’action plus loin, il doit y avoir un juste milieu qui sera peut être trouver dans le 17. Ou éventuellement partir sur un cycle, numéro impair jeu ouvert et numéro pair moins ouvert mais avec une mise en scène plus magistrale.

L’avenir nous le dira, et sur ce, je vais aller continuer cette histoire en le prenant comme un nouveau jeu.

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What a joke

il y a 11 mois

Starfield ambitieux ? Tu veux dire non man Sky 2.0 ?

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Léo Martin

il y a 11 mois

@Magnesium C’est un petit abus de langage que j’ai corrigé mais en réalité Naoki Yoshida est tellement derrière toute la conception entière du jeu (on retrouve des idées de FF14 de façon très concrète à de nombreux moments) qu’il n’est pas totalement faux de dire qu’il est aussi derrière sa réalisation aux côtés de Maehiro et Takai.

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